La dernière lettre

La dernière lettre propose des liens poétiques entre des univers construits ou imaginés à partir d’une vieille histoire vécue ou fantasmée ; elle transcende la question du deuil tout en évoquant inévitablement la mort, tel un sentiment qui rôde mais dont on parle peu. L’œuvre souligne quelques scènes marquantes d’une vie : un lien fraternel détruit brusquement, et avec lui l’unique pilier fondateur de ce désir de créer avec acharnement, pour ne pas crever. 

Que ce soit lui, elle, ou le reste de l’humanité, nous n’y échapperons pas, alors autant transsubstantier ensemble cet instant lointain (et pourtant si proche). Se demander pourquoi garder autant d’images et d’objets. Comment regarder une photo du passé — une photographie comme il ne s’en fait plus — et pour qui la conserver ? Réaliser que les souvenirs passent par la sensation des textures des tissus sur la peau, des vêtements qui s’inscrivent dans notre ligne du temps, telle une toile partagée de couleurs et de motifs. Se demander ce qu’il serait devenu s’il avait choisi la Norvège…

L’espace est ponctué de monuments, de mots, de gravures, de livres, d’objets (in)signifiants gardés précieusement pendant des années. Une retranscription fragmentée de la première lettre en braille évoquant cette mémoire aveugle et tactile, celle qui ne veut pas omettre les marques singulières de l’oubli stratifié, abstraite tel un requiem chanté par un chœur d’enfants…

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The last letter proposes poetic links between universes built or imagined from an old lived or fantasized story; it transcends the question of mourning while inevitably evoking death, like a feeling that lurks but is little talked about. The work underlines some striking scenes of a life: a fraternal bond suddenly destroys, and with it the sole founding pillar of this desire to create relentlessly, so as not to die.

Whether it's him, her, or the rest of humanity, we won't escape it, so we might as well transubstantiate this distant (and yet so close) moment together. Ask yourself why keep so many images and objects. How to look at a photo from the past — a photograph like no longer made — and for whom to keep it ? Realizing that memories pass through the sensation of the textures of fabrics on the skin, of clothes that are part of our timeline, like a shared canvas of colors and patterns. To wonder what he would have become if he had chosen Norway…

The space is punctuated with monuments, words, engravings, books, (in)significant objects carefully guarded for years. A fragmented transcription of the first letter in Braille evoking this blind and tactile memory, one that does not want to omit the singular marks of stratified oblivion, abstract like a requiem sung by a children's choir...